J’ai adopté un chien, et ce fut un de mes choix les plus difficiles jusqu’à présent. J’ai en effet ouvert les portes de ma demeure à un être que je ne connaissais pas (et qui ne me connaissait pas en retour), un être qui s’est avéré être beaucoup plus difficile à gérer que ce à quoi j’aurais pu m’imaginer.
Anxiété de séparation. Malpropreté.
Réactif envers les camions. Réactif envers les coureurs. Réactif envers les skateboards. Réactif envers les trottinettes. Réactif envers les autres chiens. Réactif envers les adultes. Réactif envers les enfants.
Je m’attendais tant à ce que tout se passe pour le mieux...J’avais pourtant passé mon enfance entourée de chiens et de chats. J’avais pourtant grandi au milieu d’animaux. Et, les mois précédant l’arrivée de ce petit être à quatre pattes, j’avais pourtant lu des tas de livres sur comment bien me préparer à l’arrivée d’un chien...
J’ai adopté un chien, mais rien ni personne dans mon entourage n’aurait pu me préparer à ce torrent d’émotions.
Tel que ce déluge de stress et d’anxiété constant, notamment les premières semaines, qui s’étendirent aux premiers mois.
Ou à ces si nombreuses incertitudes débarquant du jour au lendemain. Ou encore à ces multiples remises en question.
Ai-je fait le bon choix?
Suis-je la personne appropriée?
Pourquoi ai-je pris cette décision?
Vais-je pouvoir subvenir à tous ses besoins?
Pourquoi fait-il ça?
Comment suis-je censée m’en sortir?
Mais j’étais censée être prête. J’étais censée avoir lu ce qu’il fallait, avoir le matériel qu’il fallait, avoir absolument toutes les connaissances qu’il fallait. Je m’apprêtais même à débuter un travail en milieu animalier.
Sauf que je n’étais pas prête. Du moins, pas tout à fait. Je connaissais le théorique, certes. Mais être confrontée au concret fut une toute autre histoire, car ce fut là que la réalité me frappa de plein fouet : j’étais devenue, en à peine quelques secondes, responsable de la vie de ce petit être vivant. C’était sur moi qu’allait reposer chaque décision le concernant, autant en termes de nourriture que de soins, et cela ne prit pas long avant que je ne me sente complètement dépassée.
Mais dans quoi m’étais-je embarquée...
J’ai adopté un chien, et les premiers mois furent tout sauf faciles.
De devoir s’adapter au mode de vie d’un animal qui ne comprend absolument pas ce qui se passe...
De devoir créer une routine permettant au chien de s’habituer à rester seul, tout en subissant les plaintes des voisins dues aux jappements...
De devoir passer des heures à nettoyer l’appartement en revenant d’une longue journée de travail car, en raison de l’anxiété de séparation, le chien a fait ses besoins partout... De revenir épuisée d’une simple marche de vingt minutes parce que le chien en a passé la majorité à japper après les voitures, les camions, les passants, d’autres animaux...
Mais malgré toutes ces mésaventures, malgré tous ces défis et toutes ces impasses souvent franchis avec bien des difficultés, l’adoption de mon chien ne sera jamais une décision que je regretterai.
Depuis ces six dernières années, en effet, j’ai pu vivre d’incroyables expériences. Que ce soit des randonnées à travers les bois, de nombreux voyages en voiture, de l’acquisition de nombreuses connaissances en matière d’éducation canine, ou simplement d’une dose infinie d’amour, Machk a pu devenir à travers le temps mon meilleur ami. Lui avoir ouvert les portes de mon chez-moi, alors qu’il s’agissait d’un animal au passé difficile, pour le voir éventuellement s’épanouir et tranquillement sortir de sa coquille...Rien à mes yeux ne sera jamais aussi gratifiant.
J’ai adopté un chien, et ce fut une de mes plus belles décisions.
Autrice: Eliane Wuidart